MON SOLARIUM

Avril 2024

Je me souviens du dernier texte que j’ai inscrit à l’encre dans mon carnet en cuir, un dernier texte que j’avais écrit un soir, tard un soir, sous l’influence de la nuit et de son effet particulier sur mon esprit. Je n’ai pas relu ce texte, mais me souviens de son sujet, l’écriture et moi. Me disant que sûrement ma mission n’était pas là, que mon message en serait sali, alors pourquoi continuer ?

Dans les chaudes journées comme aujourd’hui, lorsque le soleil jaune pâle ressort et teinte le ciel et mon cœur de ses lueurs vives, je me demande ce qu’en penserait l’enfant que je sens vibrer en moi. Cet enfant que j’entends parfois, lorsque le bruit se calme, que la chaleur revient, et qu’il n’y a plus que les sensations d’un moment. Il aurait sûrement honte de me voir involuer et de me questionner sur ce qui n’a jamais été pour lui serait-ce qu’une question. L’enfant se débat continuellement, lutte pour ne pas être enfermé dans cette enveloppe maudite du facteur de l’esprit, bien scellée par un cachet de cire douteuse et trop symétrique, trop parfaite, si loin de l’infini esprit évasif.

Alors je profite de mon « Solarium » à l’odeur de peintures et d’encres mélangées et pas encore sèches pour ressentir ce que ressens mon corps, puis tout s’efface, ne laissant place qu’à ces légères larmes bleues comme mon encre, qui s’accumulent et restent coincées entre un très léger sourire, celui de l’évasion, et mon œil ouvert, perdu entre ce ciel encore bleu, l’Univers, et ma vérité. Puisse ce moment durer pour que mon enfant puisse à nouveau s’exprimer et comme d’habitude, me rassurer.