Comment t’appelles-tu, toi qui es si fragile ?

Fil de lin entre les doigts des grands Hommes.

Ta présence laisse une marque subtile,

Aux ardoises et aux toiles du sommet des hauts dômes.

De tous les temps tu es la reine secrète,

Choisissant prudemment tes fidèles serviteurs,

Tableaux, musiques, poèmes et chansonnettes,

Tous nés inconsciemment du fin fond d’un même cœur.

Te pensant responsable de mes nombreux tumultes,

J’ai juré ton essence opposée aux croyances.

Mon rêve s’est senti transformé en insulte,

Altérant mes visions et brisant ta confiance.

Errant dans les essais, sans but et sans vérité,

J’ai usé ma plume et souillé mes pinceaux.

Je rêvais alors d’être le témoin oublié,

Acceptant mon sort, oubliant le plus beau…

Forcément tu as ris de mon songe immonde,

Étant sûre de la puissance des effets de ton philtre,

M’envoyant des souvenirs de l’époque féconde,

Où mes yeux s’évadaient par-delà les pupitres.

Entre ta vérité et mes certitudes,

Mon esprit prisonnier a souffert le martyr.

J’ai marché à l’envers pour revivre le prélude,

Et comprendre mes rires précédant mes soupirs.

Et là, je suis tombé sur toi,

Fille du soleil qui brille la joie.

Ton envoûtement que je pensais maudit,

S’est avéré être l’origine de tous mes émois.

En oubliant mental et livres ridicules,

J’ai libéré ma main victime et frivole.

Retrouvant la magie aux formes d’inules,

Bien cachée au savoir promis des écoles.

L’autre jour, en marchant sur les bords du rivage,

Je me suis étendu habillé sur le sable.

Des reflets émanaient du ciel sur la plage,

Comment te dire que j’étais propre d’être sale ?

Alors entre les cieux, la mer et les grains,

J’ai cherché ton nom muet à la bouche des parleurs.

Dans le reflet de ma larme s’infuse si serein,

Un rayon semblable à mes premiers bonheurs.

Comment te nommer, toi, la reine des états ?

Créant la surprise d’un moment pour l’éternité.

Car ici-bas il te faut un nom pour qu’on me croit,

J’ai choisi, parmi les lettres, Curiosité.